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IN THE MOOD FOR DEAUVILLE 2024 - Page 71

  • Compte-rendu et palmarès du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2011

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    Dès ce soir, vous pourrez retrouver ici le palmarès et mes vidéos de la clôture de ce 37ème Festival du Cinéma Américain de Deauville et, chaque jour de cette semaine, de nombreux articles sur ce festival (critiques des films, vidéos, photos). J'en profite également pour vous annoncer qu'Inthemoodfordeauville se poursuivra tout au long de l'année désormais pour, évidemment, toujours vous tenir au courant de l'actualité du cinéma et des festivals à Deauville mais également des évènements s'y déroulant.

  • Critique - The Artist - Film de la soirée du palmarès du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2011

    C'est ce samedi soir, à 20H, que sera délivré le palmarès de ce 37ème Festival du Cinéma Américain de Deauville 2011 que vous pourrez bien entendu retrouver commenté ici, au plus tard lundi. Le palmarès sera suivi de la projection de "The Artist" de Michel Hanazavicius dont vous pouvez retrouver ma critique, en avant-première, ci-dessous.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

    C’était un dimanche matin de mai 2011, le début du Festival de Cannes encore, en projection presse. Pas encore vraiment l’effervescence pour le film qui obtint la palme d’or mais un joli bruissement d’impatience parmi les regards déjà las, ou obstinément sceptiques. 1H40 plus tard, la salle résonnait d’applaudissements, pendant dix minutes, fait rare en projection presse. Le soir même, je suis retournée le voir en projection officielle. L’émotion fut la même, redoublée par la présence de l’équipe du film, terriblement émue elle aussi par les réactions enthousiastes du public, par les rires tendres, par cette cavalcade d’applaudissements qui a commencé lors de la dernière scène et ne s’est plus arrêtée pour continuer pendant un temps qui m’a paru délicieusement long. Un beau, rare et grand moment du Festival de Cannes.

    Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique, mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel.

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    Le film débute à Hollywood, en 1927, date fatidique pour le cinéma puisque c’est celle de l’arrivée du parlant. George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement  placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.

    Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi,  lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet.

    Le cinéma a souvent parlé de lui-même… ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, enfin « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly auxquels « The Artist », de par son sujet, fait évidemment penser. Désormais, parmi ces classiques, il faudra citer « The Artist » de Michel Hazanavicius. Ses précèdents films étaient d'ailleurs déjà des hommages au cinéma. On se souvient ainsi des références à "Sueurs froides" ou "La Mort aux trousses" d'Hitchcock dans "OSS 117 : Rio ne répond plus".

    Hazanavicius joue ainsi constamment et doublement la mise en abyme : un film muet en noir et blanc qui nous parle du cinéma muet en noir et blanc mais aussi qui est un écho à une autre révolution que connaît actuellement le cinéma, celle du Numérique.

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    Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation (même si Sean Penn l’aurait également mérité pour « This must be the place »).

    Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard (et par conséquent dans celui du spectateur), une foule d’émotions, de la fierté aux regrets,  de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance.  Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Il avait déjà prouvé dans « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia qu’il pouvait nous faire pleurer.  Il confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage.

     Une des plus belles et significatives scènes est sans doute celle où il croise Peppy Miller dans un escalier, le jour  du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes, comme à bien d’autres moments du film. Et je ne prends guère de risques en lui prédisant un Oscar pour son interprétation, ou en tout cas un Oscar du meilleur film étranger pour Hazanavicius.  Bérénice Béjo ne démérite pas non plus dans ce nouveau rôle de « meilleur espoir féminin » à la personnalité étincelante et généreuse, malgré un bref sursaut de vanité de son personnage. Il ne faudrait pas non plus oublier les comédiens anglo-saxons : John Goodman, Malcolm McDowell et John Cromwell (formidablement touchant dans le rôle du fidèle Clifton).

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    Il y aura bien quelques cyniques pour dire que ce mélodrame  est plein de bons sentiments, mais Hazanicius assume justement ce mélodrame. « The Artist » est en effet aussi une très belle histoire d’amour simple et émouvante, entre Peppy et Georges mais aussi entre Georges et son cabot-in Uggy : leur duo donne lieu à des scènes tantôt drôles, tantôt poétiques, tantôt touchantes, et là encore parfois au trois en même temps. Hommage aussi à ce pouvoir magique du cinéma que de susciter des émotions si diverses et parfois contradictoires.

    Michel Hazanavicius  évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité.

    Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant.  Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.

    Il ne se rapproche d’aucun autre film primé jusqu’à présent à Cannes…et en sélectionnant cet hymne au cinéma en compétition puis en le  primant,  le Festival de  Cannes a prouvé qu’il était avant tout le festival qui aime le cinéma, tous les cinémas, loin de la caricature d’une compétition de films d’auteurs représentant toujours le même petit cercle d’habitués dans laquelle on tend parfois à l’enfermer.

     « The Artist » fait partie de ces films qui ont fait de cette édition cannoise 2011 une des meilleures de celles auxquelles j’ai assisté, pour ne pas dire la meilleure…avec des films  aussi différents et marquants que  « This must be the place » de Paolo Sorrentino, « Melancholia » de Lars von Trier, « La piel que habito » de Pedro Almodovar.

     Un film à ne manquer sous aucun prétexte si, comme moi, vous aimez passionnément et même à la folie, le cinéma. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Oui, foudroyante comme la découverte  de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

    Sortie en salles : le 12 octobre 2011. Vous pourrez également découvrir ce film lors de la soirée du palmarès du Festival du Cinéma Américain de Deauville, le 10 septembre…et si j’en ai la possibilité, je ne manquerai certainement pas d’y retourner une troisième fois, pour vous en livrer une critique plus précise (celle-ci étant basée sur mes souvenirs « vieux » d’il y a 4 mois).

    Un dernier petit conseil : ne regardez pas la bande-annonce (dont je n’ai pas peur de dire qu’elle m’a émue, comme le film), pour conserver le plaisir de la découverte.

    En bonus :

    - Ma critique de « La Comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz

    -Ma critique de « OSS 117 : Rio ne répond plus » de Michel Hazanavicius

    -Ma critique d’ « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia

    -Ma critique des « Feux de la rampe » de Charlie Chaplin

     

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  • Vidéo - Tony Kaye présente "Detachment" en musique...

    L'effervescence était de retour aujourd'hui à Deauville avec la présence de Naomi Watts à qui le festival rendait hommage ce soir (la semaine prochaine, vous pourrez retrouver mon compte rendu de sa conférence de presse et mes vidéos de son hommage), la présence d'Abel Ferrara, l'avant-première de "Crazy, stupid, love.", comédie réjouissante après une semaine de films en compétition particulièrement sombres et néanmoins de qualité à l'image de "Detachment" dont je vous parlerai ultérieurement mais dont vous pouvez découvrir ci-dessus la présentation inédite par son réalisateur Tony Kaye.

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  • Festival du Cinéma Américain de Deauville: en attendant le compte-rendu...

     

    Comme vous l'aurez sans doute constaté, ce blog a "subi" une petite et inhabituelle baisse de rythme ces derniers jours. Rassurez-vous, je n'ai pas abandonné le navire, et encore moins le Festival de Deauville, bien au contraire, simplement j'ai décidé d'attendre la fin du festival pour vous en donner une vision globale, aussi exhaustive que possible, et fidèle à mes impressions. 

    Peut-être le manque de coups de coeur cinématographiques cette année fait-il aussi que je n'ai pas eu l'irrépressible envie d'écrire chaque soir comme c'est habituellement le cas, et ce blog est avant tout et plus que jamais guidé par l'enthousiasme, la passion, le souhait de partager mes pérégrinations et découvertes et non de tomber dans une sorte de surenchère frénétique d'articles.

    Vous retrouverez donc tous mes clichés et vidéos du festival la semaine prochaine (hommages, avant-premières etc), mes impressions d'ensemble avec, bien sûr, mon avis sur le palmarès en fin de semaine et sur cette compétition très homogène dans les thématiques abordés, mais très hétéroclite dans les styles et lieux des actions des films. Vous pourrez également retrouver ma critique de "The Conspirator" de Robert Redford présenté en avant-première à Deauville, hier soir.

     Je ne pense pas m'avancer beaucoup en disant que le meilleur film de ce festival sera le film de la soirée du palmarès, "The Artist" de Michel Hazanavicius (même s'il est vrai qu'il est difficilement comparable avec les films de la compétition qui témoignent tous de regards singuliers et d'univers forts, au-delà de leur pessimisme et leur noirceur), un film de soirée du palmarès dont vous pouvez retrouver ma critique, en avant-première, ici et que je vous recommande vivement, et que je retournerai sans aucun doute voir une troisième fois samedi.

    Pour vous faire patienter, retrouvez, ci-dessus, mes vidéos de l'hommage à Danny Glover, très ému. Et en attendant vous pouvez continuer à me suivre en direct sur twitter (http://twitter.com/moodfdeauville ) et à partager vos impressions sur le festival sur la page Facebook du blog (http://facebook.com/inthemoodfordeauville ).

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  • Hommage à Francis Ford Coppola et Shirley MacLaine sur les planches de Deauville

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    A chaque édition du Festival, la Ville de Deauville inscrit sur les cabines de bain de la Promenade des Planches, les noms des réalisateurs et acteurs qui reçoivent un hommage spécial du Festival du Film Américain. Philippe Augier a ainsi accueilli Francis Ford Coppola (retrouvez mes vidéos de la rencontre avec ce dernier, en cliquant ici) devant la cabine qui porte son nom mais aussi Shirley MacLaine . Ce sera au tour de Danny Glover mercredi 7 à la cabine 180.  L’histoire de Deauville avec le cinéma remonte à plus d’un demi-siècle lorsque la ville a commencé à inspirer cinéastes français puis internationaux après la Seconde Guerre mondiale. Une cinquantaine de films y ont été réalisés, tels que Le Baron de l’Ecluse de Jean Delannoy avec Jean Gabin, Micheline Presle en 1959 ou la même année,  Les Liaisons dangereuses de Roger Vadim avec Gérard Philipe, Jeanne Moreau, Jean-Louis Trintignant. En 1966, la ville a été placée sous les projecteurs du réalisateur Claude Lelouch pour Un homme et une femme, film de notoriété internationale –lauréat de la Palme d’Or et de quarante autres distinctions - qui a conforté l’image glamour de la station balnéaire dans le monde entier (retrouvez ma critique de « Un homme et une femme » en cliquant ici). En 1975, naît le Festival du film Américain de Deauville sous l’impulsion de ses créateurs, Lionel Chouchan et André Halimi, et avec les soutiens enthousiastes du Maire d’alors, Michel d’Ornano, et de Lucien Barrière, PDG du groupe Barrière. En ouvrant une porte – qui ne cesse de s’agrandir - entre les cultures américaines et les cultures françaises, le cinéma devient alors et définitivement l’enfant chéri de Deauville.  Le Festival du cinéma Américain reflète depuis 37 ans la vie culturelle de Deauville et sa volonté de soutenir dans chaque domaine l’innovation, l’audace et l’ouverture permanente au public le plus large et plus particulièrement aux jeunes publics et aux jeunes artistes.

  • Quatrième et cinquième journées « in the mood for Deauville » : compétition, hommages, premières…

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    C’est déjà mon sixième jour de présence à Deauville et le temps et les séances et les souvenirs s’égrènent si vite que je n’ai pas eu le temps de vous résumer ces deux derniers jours.

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     Pas encore d’énorme coup de cœur cinématographique mais une compétition qui révèle un niveau élevé et des premiers films de qualité…mais Deauville ce sont aussi les Premières à commencer par celle de « Drive » de Nicolas Winding Refn, prix de la mise en scène du dernier Festival de Cannes qui avait créé l’évènement sur la Croisette où je l’avais manqué. Drive est l'adaptation du livre éponyme écrit par James Sallis et c’est  le scénariste Hossein Amini qui a  transformé le roman en scénario. C’est l’histoire d’un jeune homme solitaire, "The Driver",  qui conduit le jour à Hollywood pour le cinéma en tant que cascadeur et la nuit pour des truands. Il a pour « principe » de ne pas participer aux crimes de ses employeurs qu’en conduisant et de n’être jamais armé. Sa  route croise celle d’Irene et de son jeune fils, ses voisins, et il succombe rapidement au charme de l’un et l’autre, et réciproquement. Lorsque le mari d’Irene sort de prison et se retrouve enrôlé de force dans un braquage pour s’acquitter d’une dette, il décide pourtant de lui venir en aide. L’expédition tourne mal… Doublé par ses commanditaires, et obsédé par les risques qui pèsent sur Irene, il n’a dès lors pas d’autre alternative que de les traquer un à un…

    Cela commence sur les chapeaux de roue : une mise en scène époustouflante, flamboyante et crépusculaire, qui nous fait ressentir les sensations trépidantes, périlleuses et vertigineuses de ce chauffeur hors pair et  mutique, au sourire retenu, dans une ville de Los Angeles tentaculaire, éblouissante et menaçante. Mais « The Driver » porte un masque, au propre comme au figuré (symbolisme un peu simpliste) et derrière ce chauffeur mutique d’allure plutôt sympathique va se révéler un vengeur impitoyable pour protéger ceux qu’il « aime ». La violence psychologique s’annonce palpitante : pris dans un étau, il n’a d’autre solution que de commettre un méfait pour le mari d’Irène, pour sauver celle-ci … malheureusement ce qui dans la première partie s’annonçait comme un film à suspense se transforme en règlement de compte sanguinolent dans lequel l’intrigue devient inexistante et simple prétexte à une suite de scènes sanglantes, invraisemblables et vaines. Là où un cinéaste comme James Gray (qui lui aussi sublime une ville, en l’occurrence New York, traite de vengeance et d’amour, sans jamais mettre le scénario de côté, ou sans qu’un de ces aspects prennent le pas sur les autres), Nicolas Winding Refn se laisse entraîner par une sorte de fascination pour la violence (me rappelant ainsi la phrase de Coppola lors de sa master class samedi « Montrer la guerre c’est déjà faire l’éloge de la guerre »), montrant pourtant le temps d’un meurtre sur la plage qu’il savait très bien filmer la mort, avec une force prenante, sans que cela tourne à la boucherie ridicule. Ryan Gosling est époustouflant et derrière sa gueule d’ange dissimule une violence froide, il se transforme en un vengeur impitoyable qu’il est pourtant difficile de prendre en sympathie ou même en empathie. Dommage, cette bo remarquable alliée à des scènes plus calmes d’une beauté saisissante (face-à-face dans son appartement entre Irène et The Driver dans laquelle le temps est suspendu et dans laquelle les échanges évasifs de regards et les silences d’une douce sensualité en disent tellement). Nicolas Winding Refn a ravi le prix de la mise en scène à Pedro Almodovar à Cannes qui, à mon avis, l’aurait davantage mérité, ne serait-ce parce qu’il a brillamment raconté une histoire cruelle, terrible, effroyable où toute la finesse de la mise en scène réside justement dans ce qui n’est pas montré et qui n’en a que plus de force…

    Deauville, depuis 1995, c’est aussi et avant tout la compétition. Si les spectateurs sont moins nombreux sans doute déçus de l’absence de ceux qui étaient les incontournables de Deauville (stars et blockbusters même si le générique reste prestigieux cette année avec, comme toujours des mythes du cinéma américain, des grands cinéastes et les figures montantes du cinéma américian) , le festival continue de ravir les cinéphiles avec une compétition qui, chaque année, révèle de nouveaux talents, mais aussi une facette de l’Amérique, souvent plus sombre et réaliste. Pour ces différents aspects, cette édition ne devrait pas déroger à la règle, les quatre films de la compétition auxquels j’ai assisté pour l’instant, d’ailleurs tous des premiers films, ayant de nombreux points communs, à commencer par une qualité notable.

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    « Another happy day » de Sam Levinson –fils d’un certain Barry-  (avec Ellen Barkin, Ezra Miller, Kate Bosworth, Demi Moore, Thomas Haden Church, George Kennedy, Ellen Burstyn) est ainsi une comédie acide et parfois tendrement cruelle (tendrement parce que Sam Levinson porte un regard finalement plein de compréhension sur ses personnages sans toutefois les épargner) dans laquelle un mariage devient le révélateur des rancœurs et des fêlures des différents membres d’une famille.

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    Dans « En secret » (Circumstance) de Maryam Keshavarz, Atafeh et sa meilleure amie Shireen fréquentent les soirées branchées du Téhéran underground. Elles essaient de profiter au mieux de leur jeunesse quand Mehran, le frère et complice d’Atafeh, devient membre de la police des moeurs. Alors qu’il désapprouve sévèrement leur besoin de liberté, Mehran tombe amoureux de Shireen. Ses sentiments vont vite tourner à l’obsession et mettre à l’épreuve l’amitié des jeunes filles.

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     Dans « On the ice » d’Andrew Okpeaha MacLean, Qalli et Aivaaq, deux adolescents de la communauté Iñupiaq, mènent une vie sans histoire dans une petite ville isolée du nord de l’Alaska. Un matin tôt, ils décident de partir à la chasse aux phoques avec James, un de leurs amis. Une dispute éclate entre les trois garçons et se termine par la mort accidentelle de James. Liés par ce sombre secret, les deux adolescents inventent mensonges sur mensonges afin de ne pas éveiller les soupçons de leur communauté.

    Enfin dans « Yelling to the sky » de Victoria Mahoney, alors que son noyau familial se disloque, l’existence déjà instable de Sweetness O’Hara, une adolescente métisse de dix-sept ans, devient encore plus difficile le jour où elle est prise pour cible par des élèves violents de son lycée. Elle doit dorénavant trouver le meilleur moyen de se défendre et prendre sa vie en main, chez elle, comme à l’école, dans un quartier où sa survie semble incertaine.

    Si j’ai choisi de vous parler de ces quatre films en même temps, c’est parce que leurs ressemblances sont particulièrement frappantes, au-delà du fait qu’il s’agit de quatre premiers films. Quatre premiers films qui se déroulent pourtant dans des lieux très différents, voire opposés : Téhéran, l’Alaska, New York (Long Island), le Maryland. Dans ces quatre lieux, où les paysages et libertés sont pourtant si différents, on retrouve pourtant le même mal être adolescent, les mêmes personnages de mères désemparées, le même sentiment de réalité suffocante à laquelle ils cherchent des échappatoires périlleux et parfois illicites, le même besoin éperdu et rageur de liberté.

     Que cela soit traité avec un cynisme tantôt amer, tantôt tendre (« Another happy day »), avec une rigueur glaciale et non moins touchante (« On the ice »), avec une mise en scène parfois un peu trop clipesque (« En secret ») ou avec le souci de mettre en scène une réalité dans laquelle la violence est un engrenage implacable pour survivre (« Yelling to the sky »), ces adolescents en apparence si différents révèlent la même réalité étouffante, le même besoin d’ailleurs et d’appui familial, les mêmes personnages de mères broyées ou désemparées qui ont parfois renoncé.

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    Malheureusement, tous présentent aussi le même défaut : un dénouement assez expéditif (un changement d’attitude du père assez inexplicable dans « Yelling to the sky ») un scénario qui s’essouffle vers la fin comme si ces cinéastes s’adonnaient à ce dont ne cessent de rêver leurs personnages pendant toute la durée de leurs films : la fuite. Manière finalement peut-être plus consciente et habile qu’il n’y paraît de faire coïncider la forme et le fond. « Another happy day » a récolté l’accueil le plus chaleureux. Il faut dire que son réalisateur qui rêvait de venir en France, et amoureux du cinéma français (et cela se ressent, avec une pointe d’influence « Woodyallenienne » sans évidemment, arriver encore au même niveau de causticité), était particulièrement ému lorsqu’il a présenté le film devant les festivaliers sur la scène du CID. Sans doute, à 26 ans, a-t-il pas mal vécu (et souffert) pour éprouver et faire ressentir les tourments de cette famille presque aussi perturbée que celle du splendide « Melancholia » de Lars Von Trier (dans les deux cas, d’ailleurs le mariage en est le révèlateur). Dommage que « En secret » reste conventionnel, et pâtisse de films remarquables sur Téhéran qui l’ont précédé comme le film éponyme de Nader T.Homayoun (à voir absolument d’ailleurs).

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    Quatre films à voir néanmoins, et je vous en reparlerai à l’occasion du palmarès.  Deauville ce sont bien sûr aussi les hommages. Si Ryan Gosling et Jessica Chastain, qui recevaient les trophées du Nouvel Hollywood dont Deauville inaugurait la première édition, ont malheureusement brillé par leur absence (même si Ryan Gosling a laissé un mot lu par Nicolas Winding Refn, très drôle, dont je mettrai ultérieurement la vidéo en ligne), Shirley MacLaine a en revanche fait une apparition remarqué et remarquable et un très beau discours dont vous pourrez retrouver la majeure partie ci-dessous, visiblement réellement heureuse de recevoir cette distinction consacrant sa longue carrière. C’est « Le tournant de la vie » (« The Turning point »), un film de 1977 de Herbert Ross qui a été projeté pour cet hommage dans lequel elle incarne une ancienne danseuse qui se retrouve confrontée à son passé et au fait d’avoir abandonné sa carrière pour fonder une famille. Un parfait complément au film de clôture (« The Artist ») sur l’orgueil ravageur, les douleurs indicibles, les bonheurs éclatants, l’ingratitude de la vie d’artiste.

    Je vous parlerai ultérieurement de « Bringing up Bobby », le premier film en tant que réalisatrice de l’actrice, Famke Janssen avec Milla Jovovich, Bill Pullman, qui dénote un univers tendre et fantaisiste particulièrement prometteur.

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