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IN THE MOOD FOR DEAUVILLE 2024 - Page 91

  • Critique de « Fair game » de Doug Liman: avant-première du Festival de Deauville 2010

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    Ce soir sera projeté en avant-première "Fair game" de Doug Liman, sélectionné en compétition du Festival de Cannes 2010, un film que j'avais vu à cette occasion et dont vous pouvez retrouver ma critique ci-dessous.

    Seul film américain de la compétition officielle du Festival de Cannes 2010, « Fair game » permet au réalisateur de « La mémoire dans la peau » de figurer pour la première fois dans la compétition cannoise et de changer de registre après des comédies (comme Mr and Mrs Smith) et des films d'actions. Déception pour le public cannois puisque Sean Penn a finalement annulé sa venue (Sean Penn qui ne sera également pas présent à Deauvilleà.

    Ce film est l'adaptation d'une histoire vraie : Joseph Wilson (Sean Penn) un ex-ambassadeur américain est envoyé au Niger pour enquêter sur la fabrication d'armes nucléaires destinées à l'Irak . Sur place il ne découvre rien. L'administration Bush va alors produire de faux documents pour faire croire qu'un danger imminent menace la sécurité nationale et mondiale et que l'enquête sur place l'a prouvé.   Pour discréditer Wilson qui va dénoncer ce mensonge, le Pentagone va s'arranger pour que soient  divulguées dans la presse les activités d'agent de la CIA de sa femme Valerie Plame-Wilson (Naomi Watts).

     Avec un  sujet politique et historique à palme d'or, « Fair game » n'est malheureusement pas à la hauteur de l'attente suscitée. Si la réalisation nerveuse inspirée des « Jason Bourne » laisse augurer le meilleur, si Naomi Watts est particulièrement convaincante, force est de constater rapidement que ni le scénario ni la réalisation ne sont à la hauteur du sujet. La force indéniable de celui-ci n'a malheureusement pas inspiré la réalisation relativement impersonnelle et même le si talentueux Sean Penn semble parfois jouer de manière caricaturale. Les dialogues et les situations sont tout aussi caricaturaux, c'est d'autant plus dommage que cela fait perdre de la force et de la crédibilité au sujet (un comble et une maladresse qui, d'une certaine manière et évidemment contre la volonté du réalisateur, donnerait presque du crédit à la version du Pentagone).  Les multiples sauts d'un lieu à l'autre apparaissent comme artificiels et dispersent l'attention au lieu de la retenir.

    On songe avec regret à l'intense et percutant « Green zone » de Paul Greengrass sorti il y a un  mois et traitant du même sujet (un film qui s'il avait figuré en compétition à Cannes aurait ainsi mérité la palme d'or).

    Reste la valeur de témoignage historique nécessaire pour ce film malheureusement très loin d'être à la hauteur de la noble cause (celle de la triste et dérangeante vérité sur une administration qui l'a tellement malmenée et trahie) qu'il défend dont le meilleur moment reste la fin avec les images du véritable témoignage de Valerie Plame (d'ailleurs présente à Cannes) . Peut-être aurait-il mieux valu réaliser un documentaire sur le sujet... L'émotion était néanmoins présente en raison de la vraie Valerie Plame.

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  • Sébastien Tellier: bande originale du Festival du Cinéma Américain 2010

    Comme vous avez été nombreux à me demander ce qu'était la bande annonce de cette édition 2010. Voici la réponse en musique et en images. Il s'agit de "Roche" de Sébastien Tellier dont vous pourrez retrouver le clip ci-dessous. Douces réminiscences...

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  • Compétition officielle Deauville 2010 : critiques de « Buried » de Rodrigo Cortes et « The dry land » de Ryan Piers Williams

     

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    Je vous parlais hier des thématiques communes aux quatre premiers films en compétition de cette édition 2010 du Festival de Deauville (cliquez ici pour lire l’article) avec notamment pour thèmes récurrents une Amérique, terre hostile, et des orphelins (enfants ou adolescents) en manque de (re)père ou de mère. Des thèmes sans doute révélateurs d’un pays en quête de modèles et de repères et finalement pas si éloignés de ceux des deux films en compétition du jour qui ont tous deux traits à la guerre en Irak. Deux variations très différentes sur le même thème. Deux façons (en apparence) presque opposées d’aborder le sujet, sujet désormais inévitable du festival, après l’excellent « American son » de Neil Abramson en 2008 et « The messenger » d’Oren Moverman, grand prix du Festival de Deauville 2010.

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     Alors qu’il y a quelques jours seulement (le 19 août) les troupes américaines ont quitté l’Irak, le conflit est certainement loin d’être terminé pour ceux qui l’ont vécu. Ainsi en est-il de James (Ryan O’Nan) dans « The dry land », premier film de Ryan Piers Williams. Ce jeune soldat américain rentre d’Irak dans sa petite ville du Texas. A son retour toute sa  famille l’accueille et notamment sa femme Sarah (America Ferrara –« Ugly Betty »…), sa mère mais aussi son meilleur ami. Rongé par la douleur morale, une violence inextinguible et incontrôlable et par l’oubli de ce qui s’est passé là-bas, il décide de reprendre contact avec un compagnon d’armes pour reconstituer ce douloureux passé.

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     Le réalisateur, Ryan Piers Williams, n’a pas cherché à révolutionner le cinéma et le revendique. Non, son but est de témoigner, et d’adresser un message d’espoir à tous ces soldats ravagés qui reviennent d’Irak détruits, incompris, hantés par leurs souvenirs. Il n’a pas souhaité faire un film politique mais traité un sujet à auteur d’homme, incarner ces soldats,  leur donner un visage, les sortir de leur solitude et leur désarroi. Si l’intrigue est très prévisible, elle n’en résonne pas moins avec justesse (et pour cause Ryan Piers Williams a travaillé sept ans dessus et a rencontré de nombreux soldats et leurs familles). Savoir, comme il l’a expliqué en conférence de presse, que « plus de soldats sont morts suicidés à leur retour aux Etats-Unis que morts au combat en Irak » suffit à justifier l’existence de ce film qui, à défaut d’être original, apporte un nouvel éclairage, qui a le mérite d’être documenté, sur un conflit qui n’a pas fini de faire des ravages. Je vous laisse entendre les explications du réalisateur et de l’actrice principale également coproductrice, sur la genèse du projet (article suivant).

     

     

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    A priori pas grand-chose à voir avec le film de Rodrigo Cortes, « Buried » dans lequel un Américain est pris en otage et enfermé dans un cercueil, en Irak. Muni d’un téléphone portable, il a 90 minutes pour trouver la rançon qui lui réclame ses ravisseurs irakiens. Un homme. Un cercueil. Une lampe. Un téléphone. Peu de possibilités.

     Deux partis pris puisque l’un est aussi crédible (the dry land) que l’autre ne l’est pas (Comment parvient-il à respirer ? Comment son téléphone capte-t-il ? Pourquoi n’essaie-t-il pas réellement de s’échapper ?). L’un relève d’un minutieux travail de documentation, l’autre est aux frontières du thriller (comme quelque chose me paraissait sonner faux dès le départ, j’ai cru que c’était délibéré, que le but était d’instiller le doute dans l’esprit du spectateur quant à l’identité des preneurs d’otage, et que nous découvririons qu’il s’agissait d’une manipulation ou d’un coup monté de ses collègues ou autres mais la seule manipulation est celle ici d’une Administration américaine velléitaire quand il s’agit de venir en aide à ses concitoyens, l’idée n’en est d’ailleurs pas moins intéressante), voire du fantastique sans jamais quitter ces quatre planches en bois, ni voir d’autre visage que celui de Paul.

     L’idée est sans aucun doute originale et novatrice et c’est avant tout par la force du jeu  de Ryan Reynolds (qui incarne l’Américain l’otage Paul Conroy) que notre attention reste soutenue du début à la fin car le dispositif n’est pas toujours convaincant, ainsi ces artificiels plans en plongée, sans doute pour montrer son impuissance qui nous font sortir du sentiment de claustrophobie qui ne cesse de croître pourtant pour Paul. La bande son et les rebondissements sont pourtant là et judicieusement utilisés pour susciter et raviver constamment le sentiment de suffocation, de claustrophobie, d’impuissance. Davantage que la manière ( contestable) c’est l’idée qui m’a séduite, celle  de montrer l’inertie de l’Administration Américaine qui, au propre comme au figuré, enterre vivants (« buried » signifie enterré) ces Américains partis pour la défendre ou travailler pour leur pays.

     Si « the dry land » n’est pas politique et ne souhaite pas l’être, « Buried » l’est donc malignement.  Les 94 minutes (soit 4 de plus que celles imparties à Paul pour trouver la rançon) s’écoulent sans que nous les voyions passer, entre tension et humour acerbe sur l’abstraction et la cruauté de l’Administration ( celle avec un petit a et celle avec un A majuscule d’ailleurs). Le pari est donc partiellement réussi même s’il est dommage que Rodrigo Cortes ait recouru à des ficelles -in-dignes de blockbusters (par exemple la scène du testament ou de la mère atteinte d’Alzheimer) et n’ait pas cherché à cultiver sa différence jusqu’au bout nous laissant le goût amer d’un sujet fort et d’un procédé original qui ne tiennent pas forcément toutes leurs promesses, en revanche c’est sans doute la manière la plus habile de nous inscrire dans l’intimité de ce drame et d’en désigner les responsables.

    Malgré leurs différences, dans les deux cas à nouveau une terre hostile (d’ailleurs désignée dans l’un des titres) des êtres qui suffoquent, enterrés vivants, qui crient leur désespoir, rongés par l’incompréhension et en quête d’écoute et d’espoir.

    Ces deux films ont été présentés à Sundance . « Buried » sort en salles en France le 3 novembre 2010    

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  • Deauville saison 1: compte rendu de la rencontre franco américaine sur l'écriture en question

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    Comme vous le savez puisque je vous en ai déjà parlé à plusieurs reprises, cette année, Deauville initiait une nouvelle section intitulée « Deauville saison 1 »  consacrée aux séries télévisées, avec pour objectif de devenir une plateforme professionnelle autour de l’écriture scénaristique. Dans ce cadre était organisée une rencontre entre scénaristes français et américains pour définir les spécificités de chacune des deux cultures et les particularités de ces deux approches du récit. La rencontre était animée par Vincent Colonna, sémiologue et écrivain en présence des auteurs Virginie Brac, Todd A.Kessler, Daniel Zelman, Glenn Kessler, Frédéric Krivine, Richard Levine, Clyde Phillips, Cathy Verney. 

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    Clyde Phillips a commencé en évoquant une des séries phares dont il est le producteur exécutif, à savoir « Dexter » tentant d’expliquer son succès notamment par le fait que le protagoniste de la série fait semblant avec les autres mais pas avec l’assistance puisque la voix off révèle ses pensées à cette dernière.

    Richard Levine, scénariste , réalisateur (parmi d’autres) et producteur de « Nip/Tuck » a quant à lui évoqué l’absence de censure dans cette série.  A une question de Vincent Colonna sur le paradoxe d’une société américaine conservatrice où malgré tout sont produites des séries libres et audacieuses, il a répondu tout d’abord qu’il n’y avait pas de répression à la télévision mais que néanmoins la télévision s’adressait à un public adulte et que, par ailleurs, aux Etats-Unis, il y avait toujours eu cette tradition puritaine mais également en parallèle cet esprit de conquête, de pionnier, d’audace. Deux traditions qui coexistent aux Etats-Unis.

    Clyde Phillips a par ailleurs précisé que « Dexter » est diffusé sur des chaînes payantes sur lesquelle sil y a plus de liberté, tout en admettant les pressions de certaines marques pour ne pas offenser le spectateur.

    Pour Daniel Zelman, notamment co-créateur et producteur exécutif de la série « Damages » la question est de savoir jusqu’où aller pour accomplir le rêve américain dans une société moraliste obsédée par la loi qui est aussi un monde où tout est possible ! Pour Richard Levine « Nip/Tuck » est en effet la métaphore de cette question puisqu’il s’agit d’essayer d’atteindre la perfection tout en faisant l’examen du coût humain de cet effort.

    Pour Cathy Verney  (qui a notamment écrit et réalisé la série « Hard » pour Canal +), la qualité de Canal+ est de laisser la chance et une grande liberté aux jeunes scénaristes et réalisateurs même si elle a reconnu qu’elle avait dû se plier à une exigence : ne pas salir l’image  du personnage principal qui pour Canal + est un élément (montrer les défauts d’un personnage principal) qui nuirait à la popularité , une grande différence avec les Etats-Unis selon cette dernière.

     Virginie Brac qui a notamment écrit une nouvelle série prochainement sur France 2 intitulée « Les beaux mecs » et qui retrace 50 ans de grand banditisme en France, se dit étonnée d’avoir été soutenue par la chaîne car la structure est très sophistiquée pour la France bien qu’elle se plaigne d’une société très conservatrice. « L’élan artistique en France est à son mimimum » a-t-elle ajouté, applaudie par l'assistance tout en disant « Les experts m’ennuient » (ce n'est pas moi qui la contredirai, il faudra m'expliquer l'intérêt de cette série...)

    Pour Frédéric Krivine, il y a une très grande différence dans la façon de travailler entre Français et Américains. La ressemblance est que les auteurs français et américains sont très en retard : le texte arrive trop tard pour que la série soit produite le mieux possible. L’autre différence selon lui est que la télévision américaine est très compétitive depuis 50 ans : "cela fait 50 ans qu’ils cherchent à créer le langage le plus intime possible pour créer cette addiction. " Pour Frédéric Krivine le « problème est de croire qu’il y a un problème »

    Pour Clyde Phillips le fait d’écrire au préalable toute la série comme en France est « un mauvais procédé ».

    Selon Vincent Colonna, chaque séquence devrait être un rouage faisant avancer l’histoire alors qu’en France trois séquences disent la même chose.  Une autre explication de ces différences est qu’aux Etats-Unis il y a 18 minutes de publicité d’où le fait qu'on peut prendre  n’importe quand et comprendre .

    Pour Clyde Phillips il appartient aux scénaristes de faire le changement. Pour les scénaristes françaisn le problème est le manque de confiance des chaînes envers les scénaristes, ce à quoi Sam Karmann, présent dans l'assistance a acquiescé. 

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