De ces 10 jours, il me reste :
De la nostalgie, déjà, évidemment. L’ironie, saisissante, effroyable et fascinante, parfois cruelle, parfois belle, du destin, ses méandres insondables. Des scènes d’anthologie, dans la vie, au cinéma, je ne sais plus trop. Une confusion inéluctable après 10 journées intemporelles dans la salle bleutée du CID.
Des images sublimes : celles d’un western qui a renouvelé le genre et va le remettre au goût du jour, c’est certain, je l'espère, celles d’un chef d’œuvre, celles d’un Jesse James et d’un Robert Ford qui ont dominé cette sélection 2007. (Je ne le dirai jamais assez, le film sort le 10 octobre, galopez le voir…-voir article ici-). Un cavalier solitaire dans la lumière crépusculaire. Celles de promenades revigorantes sur les Planches tant de fois foulées jusqu’à épuisement, l’impression d’y danser, peut-être finalement…. Festivaliers solitaires dans la lueur crépusculaire. Un film brillamment métaphorique, aussi.
Celles de reflets argentés : de la mer, dans les yeux rieurs ou émerveillés ou troublés des spectateurs, dans les miens, souvent, en tout cas. Celles d’étoiles par milliers dans le ciel imperturbable presque pendant 10 jours, celles d’étoiles par dizaines sur la scène du CID et sur le tapis rouge : Michael Douglas (« ambassadeur du Deauville romantique », tellement), George Clooney (et ses excès d’enthousiasme dissimulant à peine la mélancolie qui affleure), Gena Rowlands (admirée, ovationnée), Catherine Deneuve (et son passage si fugace au bras d’André Téchiné), Matt Damon (et sa vengeance dans la peau, jubilatoire et trépidante), Brad Pitt (et son regard traqué), Casey Affleck (une autre étoile est née), Brian de Palma (présent une semaine, comme chaque année), Sidney Lumet, Kristin Scott Thomas et tant d’autres... Un générique de rêve. Une effervescence rare. Deauville s’est donné des airs de Cannes. L’exubérance futile en moins. Comment faire mieux l’année prochaine ? Juste penser à l’instant présent, déjà passé, encore si présent, vibrant dans ma mémoire.
L’amour immortel : du cinéma et de Deauville et de ses moments magiques. Des nuits américaines, du cinéma 24H/24H. Des spectateurs même 4H du matin. Un rêve, non une réalité, de cinéphile. Des nuits blanches étoilées. Espérons que l’expérience sera renouvelée.
Tant d’images qui se fondent et se confondent dans ma mémoire : une soirée à la villa Cartier, la voix si assurée et les jambes tremblantes de Dani, qui surgit là, improbable, presque subrepticement, à son piano blanc, au milieu d’une soirée qui l’ignore un peu trop, au milieu des verres qui clinquent et des festivaliers qui trinquent, des pas de danses qui la dédaignent, des bruits de voix insultantes, des regards opaques à son malaise , Dani et son « brin de poésie » (cliquez sur le lien suivant pour voir les images: http://www.dailymotion.com/video/x31ant_le-brin-de-poesie-de-dani-a-la-soir_events ) qui m’emporte dans mes souvenirs avec sa voix imperturbablement suave, presque rauque, et ensorcelante. Une soirée qui m’en a rappelé tant d’autres dans cet endroit, une soirée qui ne ressemblait pourtant à aucune autre. Une soirée qui ne voulait pas finir, que personne n’avait envie de quitter, parce que c’était déjà un peu revenir à la réalité. Des scènes inénarrables : la réalité a finalement toujours plus d’imagination que la fiction. D’autres impressions encore. Celle de n’avoir pas réellement vécu mais rêvé ces dix jours.
D’autres images encore. Sur l’écran celles-là. Celles d’un monde en proie à la violence qui guette fiévreusement la lueur d’espoir. Celles d’un monde en guerre. Celles d’un monde qui croit qu’un écran sombre peut l’éclairer. Celles d’un monde –du cinéma- utopique. Un monde que j’aime, parfois un peu trop (mais peut-on aimer trop, aimer trop le cinéma ?), à en oublier l’autre, le vrai, à le sublimer aussi. Deauville a couronné « la belle vie » du prix littéraire 2007, un roman sur l’après 11 septembre, entre angoisse et euphorie. Ne sont-elles finalement pas indissociables, deux faces d’un même masque ? Celles de « La vie d’artiste », d’Andy Warhol, une autre vie d’artiste, d’une vie qui dévore l’existence, souvent magnifique, ainsi magnifiée, celles encore d’artistes ou pseudo qui croient nécessaire de dévorer pour créer ou celles de ceux qui estiment légitime de les dévorer parce qu’ils créent : des rêves, du cinéma, peu importe.
Des fauves effrayés, traqués.
L’impression si majestueusement trompeuse que cela durerait toujours, que la vie ressemblerait toujours à un festival de cinéma, à celui-là. Si seulement… "Never forever" : j’aurais dû m’en souvenir. Il reste en tout cas ce magnifique film, passionné, passionnant, passionnel, envoûtant. (voir critique du film ici).
Des musiques aussi : celles du CID, chabadabada, celle de la voix lancinante et réminiscente d'une douce mélancolie.
Et puis ces rencontres belles ou insolites ou brèves ou esquissées avec les lecteurs « in the mood » : Nicole.G, Camille.M, Julien.L, François, Georges et tous les autres dont j’ignore le nom je suis ravie d’avoir fait votre connaissance et de vos quelques mots en direct qui m’ont encore plus donné envie de continuer à faire valser les miens sur ce blog. Aux deux D, mes cinéphiles complices de la salle bleutée, qui se reconnaîtront (j’espère:-))… Aux habitués absents qui se reconnaîtront (ou pas) que je n’ai pas oubliés. Vous avez été en moyenne plus de 500 par jour à lire ce blog pendant le festival. Je suis désolée de n'avoir peut-être pas répondu à tous les emails reçus pendant le festival concernant celui-ci, je vais y remédier prochainement...
Merci au Public Système pour cette édition particulièrement réussie...et bon courage pour faire mieux, ou déjà aussi bien, l'an prochain.
A l’année prochaine si tout va bien… En attendant de voguer vers d’autres aventures festivalières, je vous donne rendez-vous sur mon autre blog « In the mood for cinema » : http://monfestivalducinema.hautetfort.com . Au plaisir de vous y lire et retrouver…
Voilà: Deauville, lundi 10 septembre, le festival 2007 est bel et bien terminé, et avec lui l'été à peine esquissé, l'épais brouillard se dissipe lentement, Deauville, fantomatique, peine à revenir à elle-même et à la réalité, elle aussi...:
Cinématographiquement et festivalièrement vôtre.
Sandra.M
Ps : Vous trouverez dans la colonne de droite les films de ce 33ème festival que je vous recommande, les critiques de ces films sont toutes présentes sur ce blog.
Ps2 : Pour voir l'article consacré à l'hommage à Sidney Lumet et au film « Before the devil knows you’re dead » ("7H58 ce samedi-là ") présenté en avant-première lors du Festival, un film que je vous recommande d’ailleurs, rendez-vous sur "In the mood for cinema": http://monfestivalducinema.hautetfort.com .