15 ans de prix Michel d'Ornano (04/07/2007)
Le prix Michel d’Ornano a été créé en 1991 par les compagnies membres de la Motion Picture Association, ce prix est dédié à la mémoire de Michel d’Ornano (ancien ministre, ancien maire de Deauville, et un des initiateurs du Festival du Cinéma Américain).
Depuis 1992, ce prix récompense le meilleur traitement de scénario de long métrage d’un jeune scénariste français.
En 1998, ce prix a pris une nouvelle orientation, le concours portant sur des premiers scénarios français adaptés à l’écran.
Liste des prix Michel d'Ornano depuis 1992:
1992 : Claire Aziza
1993 : Hélène Woillot
1994 : Marie-Hélène Saller
1995 : Gilles Maençon
1996 : Christophe Mardellet et Eric Verhnes
1997 : Gilles Malençon
1998 : Siegfried pour « Louise (take2) » de Siegfried
1999 : Florence Vignon et Stéphane Brizé pour « Le bleu des villes » de Stéphane Brizé
2000 : Virginie Wagon et Eric Zonca pour « Le secret » de Virginie Wagon
2001 : Gilles Paquet-Brenner pour « Les jolies choses » de Gilles Paquet-Brenner
2002 : Claude Duty, Jean-Philippe Barrau et Pascale Faure pour « Filles perdues, cheveux gras » de Claude Duty
2003 : Julie Bertucelli et Bernard Renucci pour « Depuis qu’Otar est parti » de Julie Bertucelli
2004 : Eléonore Faucher et Gaëlle Macé pour « Brodeuses » de Eléonore Faucher
2005 : Karin Albou pour « La petite Jérusalem » de Karin Albou
2006 : « La faute à Fidel » co-écrit et réalisé par Julie Gavras
2007 : ?
Je vous propose ci-dessous les critiques de deux très beaux films emblématiques de ce prix :
« La petite Jérusalem » de Karin Albou : prix Michel d’Ornano 2006
La petite Jérusalem est un quartier de Sarcelles, en banlieue parisienne où de nombreux juifs ont émigré. Laura (Fanny Valette), 18 ans, est tiraillée entre son éducation religieuse et ses études de philosophie qui la passionnent et lui offrent une autre vision du monde. Alors que sa sœur Mathilde (Elsa Zylberstein) tente de redonner vie à son couple, Laura succombe à ses premières émotions amoureuses. Karin Albou « esquive », avec la même subtilité que le film éponyme, ce qui aurait pu être une caricature sur la banlieue, nous livrant un film au discours et aux questionnements identitaires et philosophiques universels. Le titre renvoie autant à la judéité qu’à la féminité, au fond les deux sources d’atermoiement du personnage principal. Est-on libre en enfreignant la loi ou en la respectant ? Loi du désir ou loi religieuse ? Loi philosophique ou Torah ? Laura oscille entre l’un et l’autre, entre ses désirs et la raison, sa liberté et la loi, le choix de sa propre loi ou l’obéissance à la loi -religieuse- pour finalement trouver le chemin de sa propre liberté. Je vous laisse découvrir l’itinéraire tortueux et passionnant, passionné aussi, qu’elle aura emprunté pour y parvenir. Karin Albou nous fait cheminer dans sa conscience fiévreuse, sans jamais juger, nous laissant parfois choisir, douter avec elle, nous renvoyant habilement et constamment à nos propres questionnements. Un film sur le doute amoureux, philosophique, religieux qui n’en laisse planer aucun quant au talent de sa réalisatrice et de son interprète principale. Les dialogues sont aussi bien écrits que les silences, admirablement filmés, plongés dans une obscurité métaphorique. Un film intense sur la liberté. Libre. Mon coup de cœur du festival 2006…du film américain, aussi français soit-il.
« La faute à Fidel » de Julie Gavras : prix Michel d’Ornano 2007
Film écrit par Julie Gavras avec Arnaud Cathrine d’après le roman « Tutta Colpa di Fidel » de Domitilla Calamai, produit par la veuve de Pialat, Sylvie Pialat. Anna a neuf ans. Pour elle, la vie est simple, faite d’ordres et d’habitudes. Une vie qui se déroule confortablement entre Paris et Bordeaux. Sur une période d’un an, entre 1970 et 1971, Anna voit sa vie bouleversée par l’engagement politique de ses parents. Le film commence par un mariage, dans un cadre bourgeois, autour d’une table d’enfants sagement assis, bien droits, bien coiffés, respectueux des convenances, séparés les uns des autres par un silence assourdissant. Il s’achève dans une cour d’école. Les enfants portent des vêtements colorés, dansent en rond et se tiennent la main. Une année sépare ces deux scènes, une année de bouleversements pour cette petite fille qui assiste, incrédule puis furieuse puis révoltée puis complice aux bouleversements de son existence. Des espoirs, une révolte aussi, naissent pour ses parents, le monde change pour eux, le monde s’écroule pour elle. A travers son regard à la fois clairvoyant et d’une touchante naïveté pour qui tout ça c’est « la faute à Fidel », défile toute une époque : le franquisme, l’émancipation féminine, la prise de pouvoir par Allende au Chili etc. Un film qui évolue peu à peu vers la lumière portée par une musique elle aussi très lumineuse. Une cinéaste très prometteuse. Un film émouvant, intelligent, drôle aussi, aux dialogues incisifs et jamais « enfantins ». A voir absolument !
Sandra.M
21:03 Écrit par Sandra Mézière | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, festival du cinéma américain de deauville | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | | Imprimer |