Pitch: A la suite d'émeutes survenues entre les communautés hindoues et musulmanes, une femme au foyer hindoue trouve le salut de son âme en engageant un jeune orphelin musulman. Pendant ce temps, alors qu'un musicien musulman de renom refuse de comprendre le monde qui l'entoure, une femme qui s'était cachée avec son mari pendant les violences revient chez elle et découvre une maison ravagée…
"Firaaq" en Urdu signifie à la fois quête et séparation. L'intrigue se déroule sur 24H, un mois après le massacre qui eut lieu en Inde, à Gujarat, en 2002 et raconte donc le trajet de différents personnages: ceux qui regardent en silence, ceux qui subissent et ceux qui font subir. L'une cherche à surmonter sa culpabilité. La loyauté de deux amies est mise à rude épreuve par la peur et la suspicion. Un groupe de jeunes hommes cherche à se venger. Un couple moderne hindou et musulman mène un difficile combat entre l'obligation de dissimuler leur véritable identité, l'instinct de survie et le désir de s'affirmer. Un vieux musicien s'accroche à son idéalisme jusqu'à ce que l'évidence du conflit civil ébranle sa confiance. Un jeune garçon dont une partie de la famille a été tuée sous ses yeux, recherche son père.
A travers ces personnages, avec beaucoup de subtilité, des plans d’une beauté simple et marquante, une violence montrée sans emphase, qui nous heurte et touche davantage q’une violence constante et appuyée, parfois entrecoupée d’humour, Nandita Das montre comment la violence influe sur les existences, comment certains trouvent la force de surmonter leurs peurs et de partir vers une vie meilleure.
Pour cette ouverture, les organisateurs n’ont pas choisi un film à grand spectacle mais la première réalisation de l’actrice Nandita Das, qui figure également en compétition. Le grand spectacle ne fait pas toujours des films majeurs. Et un film modeste peut parfois vous porter beaucoup plus loin en vous parlant de tolérance, de conflits tristement universels et intemporels, mais aussi et surtout de l’espoir qui peut surgir. A tout instant. Malgré tout. Les regards des trois protagonistes qui clôturent le film en disent plus long que de longs discours ou des films aux budgets pharaoniques sur la quête de liberté, la nécessité de s’affirmer et une séparation douloureuse que porte le regard d’un enfant qui nous accompagne longtemps après le générique de fin.
Un début de festival à l’image d’un monde en quête de tolérance et de liberté, une image que Nandita Das a subtilement su porter et dont nous verrons ces prochains jours si c’est aussi celle que souhaitent refléter les autres films en compétition dont je ne manquerai pas de vous parler sur « In the mood for Deauville ».