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IN THE MOOD FOR DEAUVILLE 2024 - Page 38

  • Récit d'un séjour à l'hôtel Royal Barrière de Deauville

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    Je vous parle très souvent, sur mon site http://inthemoodforhotelsdeluxe.com,  des hôtels Lucien Barrière, incarnation et quintessence du service et de l’élégance à la française, so « in the mood for luxe »! J’ai régulièrement évoqué le Royal Thalasso Barrière de La Baule qui vient d’être rénové (je vous en reparlerai très bientôt), vous pouvez également retrouvez ici mon article sur l’hôtel du Golf Barrière de Deauville (que je vous recommande vivement, ne perdez pas de temps, il ferme fin septembre pour travaux, vraiment l’endroit idéal pour vous relaxer) et récemment j’ai également publié un nouvel article sur le restaurant Fouquet’s des Champs-Elysées suite à un succulent déjeuner. Retrouvez, ci-dessous, mon avis sur l'hôtel Royal Barrière de Deauville.

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  • Ce soir ne manquez pas 3 COEURS de Benoît Jacquot, président du jury du Festival de Deauville 2015 (sur Canal plus) - critique

    Benoît Jacquot aime adapter des romans et mettre en scène des femmes comme protagonistes de ses films : Virginie Ledoyen dans « La Fille seule », Judith Godrèche dans » La Désenchantée » Isabelle Huppert dans « Villa Amalia », « L’École de la chair », « Les Ailes de la colombe », « Pas de scandale »,  Isabelle Adjani dans « Adolphe »…

    Son film précédent, « Les Adieux à la reine », ne dérogeait pas à la règle puisqu’il s’agissait d’une adaptation du roman éponyme de Chantal Thomas qui, à travers le regard paradoxalement innocent et clairvoyant de la jeune Sidonie Laborde ( Léa Seydoux), jeune lectrice entièrement dévouée à la Reine  (Diane Kruger)  nous emmenait dans les coulisses de Versailles, en 1789, à l’aube de la révolution. Passionnant du début à la fin, férocement moderne, cruellement réaliste, magnifiquement mélancolique, « Les adieux à la reine » est avant tout la brillante métaphore de la fin d’un monde, et de l’éternelle valse pathétique des courtisans qui, pour satisfaire leur orgueil et un peu de lumière ( celle de la richesse mais surtout de la célébrité) sont prêts à tout, au mépris des autres et parfois de leur propre dignité. Un tableau d’une tragique élégance aussi fascinant que terriblement cruel et mélancolique, historique et contemporain, instructif et intemporel.

    Cette fois, dans ce film qui se déroule à notre époque, le personnage principal est un homme entouré de deux femmes et il ne s’agit pas d’une adaptation mais d’un scénario original de Benoît Jacquot et Julien Boivent.

    Dans une ville de province, une nuit, Marc (Benoît Poelvoorde) rencontre Sylvie (Charlotte Gaisnbourg) dans un bar, sinistre et propice aux rencontres impromptues, alors qu’il a raté le train pour rentrer à Paris. Ils errent dans les rues jusqu’au matin, complices. Avant de repartir, Marc donne à Sylvie un rendez-vous, à Paris, au jardin des Tuileries, quelques jours après comme d’autres en haut de l’Empire State Building une année plus tard. « Elle et lui » ne savent rien l’un de l’autre. Sylvie ira à ce rendez-vous, et Marc, à cause d’un « accident de cœur », le manquera. Il la cherchera. En vain. Sur sa route, il trouvera Sophie, ignorant qu’elle est la sœur de Sylvie et la personne la plus importante de sa vie…

    D’emblée, règne une atmosphère mélancolique (la province, la nuit, les rues désespérément calmes et désertes), presque fantastique (la silhouette fantomatique de Sylvie, comme une apparition) et surtout la musique de Bruno Coulais aux notes inquiétantes, résonnant comme un avertissement. Ensuite, soit on accepte le postulat de départ et on se laisse embarquer, séduire même : Benoît Poelvoorde est un inspecteur des impôts et Charlotte Gainsbourg et lui tombent follement et irrationnellement (même n’est-ce pas indissociable ?) amoureux. Soit on reste sur le bord de la route.

    Au début, un peu sceptique, et à l’image des acteurs filmés de loin puis en plans de plus en plus serrés, j’ai pris cette histoire un peu à la légère, avec distance, avant d’être peu à peu enfermée à mon tour, captivée par les élans des ces trois cœurs qui, derrière leur apparente retenue,  battent la chamade, étouffent, suffoquent.

     Il y a du Chabrol dans ce film, dans cette manière de dresser le portrait de la bourgeoisie de province, faussement morale, tranquille et sage. Il y a du Truffaut dans cet amour malheureux, étourdissant et irrépressible, qui est « une joie et une souffrance » sans oublier la voix off très truffaldienne qui renforce cette impression de détachement apparent. Et puis (référence que Benoît Jacquot revendiquera peut-être moins) dans ces « hasards et coïncidences » qui font parfois le sel et les drames de la vie et plus encore ceux du cinéma, il y a du Lelouch.

    Cela commence comme une comédie romantique pour peu à peu se transformer en mélodrame (revendiqué, assumé, en recourant délibérément aux stéréotypes du film de ce genre) mené comme un thriller haletant. Palpitant. L’étau se resserre. Le souffle manque. Poelvoorde, emprisonné et écartelé, devient de plus en plus inquiétant, aux portes de la folie, se jetant à cœur et corps perdus dans ses amours et son travail. Comme un condamné. Condamné à aimer et en mourir. Malade d’amour. Malade du cœur dont les soubresauts le mèneront à sa perte. Sans doute certains trouveront-ils la métaphore trop appuyée ou simpliste mais elle apporte au film son rythme et sa tension, constante, croissante.

     Chiara Mastroianni est bouleversante dans le rôle de la femme fragile, aimante, aveugle, aveuglée et Charlotte Gainsbourg sous l’emprise de la passion, trahissant la personne qu’elle aime le plus au monde, convaincante, à fleur de peau, avec toujours ce mélange irrésistible de force et de fragilité. Dans l’ombre, Catherine Deneuve incarne avec justesse la mère qui a tout compris mais ne dira rien. Pas de manichéisme, pas de bons et de méchants, simplement des personnages, victimes de leurs irréfragables élans du cœur et des coups torves du destin.

    Quant à Benoit Poelvoorde, une fois de plus, à un personnage sur le papier banal il apporte sa fragilité, sa folie, sa singularité, son étrangeté, sa séduction nous rappelant qu’il n’excelle jamais autant que dans ces rôles d’hommes en apparence ordinaires à qui il arrive des histoires extraordinaires. Son plus beau rôle reste celui, trouble et troublant, d’ « Entre ses mains » d’Anne Fontaine dans lequel il parvient à rendre un tueur en série terriblement attirant. Alors oui, parfois, Benoît Jacquot use et abuse (à dessein) des clichés (le miroir pour exprimer la dualité, le conflit, les deux visages, les signes et coups du destin comme ces plans insistants sur l’heure) mais « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point »…et ne cherche parfois pas à connaître, et le mien s’est emballé pour ce film empreint de noirceur, de romantisme, de désenchantement, de tragédie et pour ces trois acteurs follement séduisants, et désespérément humains pris dans ce drame presque hitchcockien, inextricable et passionnant.

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  • Mes bons plans à Deauville dans le magazine ELLE de cette semaine (édition de Normandie)

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    Cette semaine, j'ai le plaisir de vous livrer mes bons plans à Deauville dans le magazine ELLE (édition de Normandie) de ce vendredi 24 juillet (disponible en kiosques jusqu'à vendredi prochain) avant d'avoir le plaisir de vous livrer régulièrement mes conseils cinématographiques dans un autre journal féminin dès la rentrée (je vous en dirai plus fin août!).

    Très bientôt, je consacrerai ici un nouvel article complet à mes bonnes adresses Deauvillaises avec, notamment, un article complet consacré à l'hôtel Royal Barrière de Deauville que je viens de tester pour vous.

    Prochainement, je vous ferai également gagner ici vos pass pour le Festival du Cinéma Américain de Deauville (plus que d'habitude et même un pass permanent!).

    Et pour en savoir plus, suivez-moi mon blog consacré à Deauville (http://inthemoodfordeauville.com), mon compte twitter consacré à Deauville (@moodfdeauville) et ma page Facebook consacrée à Deauville (http://Facebook.com/inthemoodfordeauville ).

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  • Conférence de presse du 41ème Festival du Cinéma Américain de Deauville le 24 août 2015

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    Le festival vient de l'annoncer: la conférence de presse de cette 41ème édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville aura lieu quelques jours avant l'ouverture du festival, le 24 août 2015, à 11H au CID (Centre International de Deauville).

    Bien entendu, vous pourrez retrouver le programme complet détaillé ici puis suivre le festival en direct.

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    En attendant, comme chaque année, je vous ferai prochainement gagner vos pass pour le festival, sur ce blog et sur mon site Inthemoodforfilmfestivals.com et, bien évidemment, je vous tiendrai informés des éventuels éléments de programmation qui seraient annoncés avant la conférence de presse.

    Ce que nous savons pour l'instant de cette 41ème édition, récapitulatif:

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  • L'affiche du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2015 (41ème édition)

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    C’est le 13 Mai dernier, alors que débutait le 68ème Festival de Cannes, qu’a été annoncé le nom du président du jury du 41ème Festival du Cinéma Américain de Deauville qui sera donc le cinéaste Benoît Jacquot qui succède ainsi au  cinéaste et Président de la Cinémathèque Française, Costa-Gavras. En bonus, ci-dessous, retrouvez mes critiques de « 3 cœurs » et « Les Adieux à la reine » de Benoît Jacquot.

    « Le cinéma est une Amérique qu’on découvre à chaque film, le rêve à chaque fois d’un moment inoubliable: je rêve de découvrir et de faire découvrir à Deauville un film inoubliable », a ainsi déclaré le président du 41ème Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    Aujourd’hui a été dévoilée l’affiche du 41ème Festival du Cinéma Américain de Deauville,  une invitation à se laisser éblouir par la magie du cinéma avec, comme toujours, la référence aux planches et à la bannière étoilée. Comme chaque année, le festival nous permettra de découvrir le meilleur du cinéma indépendant américain et les derniers blockbusters et films américains en avant-première.

    Du vendredi 4 septembre au dimanche 13 septembre 2015, vous pourrez suivre ici le 41ème Festival du Cinéma Américain de Deauville (qui sera pour moi aussi le 21ème) ainsi que sur mes autres blogs http://inthemoodfordeauville.com  et http://inthemoodlemag.com.

    Suivez-moi également en direct du festival sur les réseaux sociaux: @moodforcinema (compte twitter principal) et @moodfdeauville (mon compte twitter consacré exclusivement à Deauville et ses festivals), sur instagram (@sandra_meziere) et sur mes comptes Facebook, le principal http://facebook.com/inthemoodforcinema et celui que je consacre à Deauville et à ses festivals : http://facebook.com/inthemoodfordeauville.

    En amont du festival, vous retrouverez ici toutes les informations concernant cette 41ème édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    Et, en attendant, vous pouvez toujours relire mon bilan du 40ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, ici, et lire mon recueil de nouvelles « Ombres parallèles » dont plusieurs se déroulent dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    A très bientôt pour un nouveau festival « in the mood for Deauville » et, pour toutes les informations pratiques, rendez-vous sur le site officiel du festival.

    Critique de TROIS COEURS de Benoît Jacquot

     

    Benoît Jacquot aime adapter des romans et mettre en scène des femmes comme protagonistes de ses films : Virginie Ledoyen dans « La Fille seule », Judith Godrèche dans » La Désenchantée » Isabelle Huppert dans « Villa Amalia », « L’École de la chair », « Les Ailes de la colombe », « Pas de scandale »,  Isabelle Adjani dans « Adolphe »…

    Son film précédent, « Les Adieux à la reine », ne dérogeait pas à la règle puisqu’il s’agissait d’une adaptation du roman éponyme de Chantal Thomas qui, à travers le regard paradoxalement innocent et clairvoyant de la jeune Sidonie Laborde ( Léa Seydoux), jeune lectrice entièrement dévouée à la Reine  (Diane Kruger)  nous emmenait dans les coulisses de Versailles, en 1789, à l’aube de la révolution. Passionnant du début à la fin, férocement moderne, cruellement réaliste, magnifiquement mélancolique, « Les adieux à la reine » est avant tout la brillante métaphore de la fin d’un monde, et de l’éternelle valse pathétique des courtisans qui, pour satisfaire leur orgueil et un peu de lumière ( celle de la richesse mais surtout de la célébrité) sont prêts à tout, au mépris des autres et parfois de leur propre dignité. Un tableau d’une tragique élégance aussi fascinant que terriblement cruel et mélancolique, historique et contemporain, instructif et intemporel.

    Cette fois, dans ce film qui se déroule à notre époque, le personnage principal est un homme entouré de deux femmes et il ne s’agit pas d’une adaptation mais d’un scénario original de Benoît Jacquot et Julien Boivent.

    Dans une ville de province, une nuit, Marc (Benoît Poelvoorde) rencontre Sylvie (Charlotte Gaisnbourg) dans un bar, sinistre et propice aux rencontres impromptues, alors qu’il a raté le train pour rentrer à Paris. Ils errent dans les rues jusqu’au matin, complices. Avant de repartir, Marc donne à Sylvie un rendez-vous, à Paris, au jardin des Tuileries, quelques jours après comme d’autres en haut de l’Empire State Building une année plus tard. « Elle et lui » ne savent rien l’un de l’autre. Sylvie ira à ce rendez-vous, et Marc, à cause d’un « accident de cœur », le manquera. Il la cherchera. En vain. Sur sa route, il trouvera Sophie, ignorant qu’elle est la sœur de Sylvie et la personne la plus importante de sa vie…

     

    D’emblée, règne une atmosphère mélancolique (la province, la nuit, les rues désespérément calmes et désertes), presque fantastique (la silhouette fantomatique de Sylvie, comme une apparition) et surtout la musique de Bruno Coulais aux notes inquiétantes, résonnant comme un avertissement. Ensuite, soit on accepte le postulat de départ et on se laisse embarquer, séduire même : Benoît Poelvoorde est un inspecteur des impôts et Charlotte Gainsbourg et lui tombent follement et irrationnellement (même n’est-ce pas indissociable ?) amoureux. Soit on reste sur le bord de la route.

    Au début, un peu sceptique, et à l’image des acteurs filmés de loin puis en plans de plus en plus serrés, j’ai pris cette histoire un peu à la légère, avec distance, avant d’être peu à peu enfermée à mon tour, captivée par les élans des ces trois cœurs qui, derrière leur apparente retenue,  battent la chamade, étouffent, suffoquent.

     Il y a du Chabrol dans ce film, dans cette manière de dresser le portrait de la bourgeoisie de province, faussement morale, tranquille et sage. Il y a du Truffaut dans cet amour malheureux, étourdissant et irrépressible, qui est « une joie et une souffrance » sans oublier la voix off très truffaldienne qui renforce cette impression de détachement apparent. Et puis (référence que Benoît Jacquot revendiquera peut-être moins) dans ces « hasards et coïncidences » qui font parfois le sel et les drames de la vie et plus encore ceux du cinéma, il y a du Lelouch.

    Cela commence comme une comédie romantique pour peu à peu se transformer en mélodrame (revendiqué, assumé, en recourant délibérément aux stéréotypes du film de ce genre) mené comme un thriller haletant. Palpitant. L’étau se resserre. Le souffle manque. Poelvoorde, emprisonné et écartelé, devient de plus en plus inquiétant, aux portes de la folie, se jetant à cœur et corps perdus dans ses amours et son travail. Comme un condamné. Condamné à aimer et en mourir. Malade d’amour. Malade du cœur dont les soubresauts le mèneront à sa perte. Sans doute certains trouveront-ils la métaphore trop appuyée ou simpliste mais elle apporte au film son rythme et sa tension, constante, croissante.

     Chiara Mastroianni est bouleversante dans le rôle de la femme fragile, aimante, aveugle, aveuglée et Charlotte Gainsbourg sous l’emprise de la passion, trahissant la personne qu’elle aime le plus au monde, convaincante, à fleur de peau, avec toujours ce mélange irrésistible de force et de fragilité. Dans l’ombre, Catherine Deneuve incarne avec justesse la mère qui a tout compris mais ne dira rien. Pas de manichéisme, pas de bons et de méchants, simplement des personnages, victimes de leurs irréfragables élans du cœur et des coups torves du destin.

    Quant à Benoit Poelvoorde, une fois de plus, à un personnage sur le papier banal il apporte sa fragilité, sa folie, sa singularité, son étrangeté, sa séduction nous rappelant qu’il n’excelle jamais autant que dans ces rôles d’hommes en apparence ordinaires à qui il arrive des histoires extraordinaires. Son plus beau rôle reste celui, trouble et troublant, d’ « Entre ses mains » d’Anne Fontaine dans lequel il parvient à rendre un tueur en série terriblement attirant. Alors oui, parfois, Benoît Jacquot use et abuse (à dessein) des clichés (le miroir pour exprimer la dualité, le conflit, les deux visages, les signes et coups du destin comme ces plans insistants sur l’heure) mais « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point »…et ne cherche parfois pas à connaître, et le mien s’est emballé pour ce film empreint de noirceur, de romantisme, de désenchantement, de tragédie et pour ces trois acteurs follement séduisants, et désespérément humains pris dans ce drame presque hitchcockien, inextricable et passionnant.

    Critique – LES ADIEUX A LA REINE de Benoît Jacquot

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    Benoit Jacquot aime adapter des romans et mettre en scène des femmes comme protagonistes de ses films : Virginie Ledoyen dans « La Fille seule », Judith Godrèche dans » La Désenchantée » Isabelle Huppert dans « Villa Amalia », « L’École de la chair », « Les Ailes de la colombe », « Pas de scandale », Isabelle Adjani dans « Adolphe »…

    Son dernier film, « Les adieux à la reine », ne déroge pas à la règle puisqu’il s’agit d’une adaptation du roman éponyme de Chantal Thomas, et puisque c’est à travers le regard paradoxalement innocent et clairvoyant de la jeune Sidonie Laborde ( Léa Seydoux), jeune lectrice entièrement dévouée à la Reine (Diane Kruger) que nous voyons Versailles, en 1789, à l’aube de la révolution. L’insouciance et la désinvolture y règnent encore tandis que, à l’extérieur, la révolte gronde. Quand la nouvelle de la prise de la Bastille arrive jusqu’à la Cour, le château se vide. Nobles et serviteurs s’enfuient. Entièrement dévouée à la Reine par qui elle se croit protégée, Sidonie souhaite rester. Benoit Jacquot nous fait vivre à ses côtés ses trois derniers jours à Versailles, les 14,15, 16 juillet 1789 : la fin d’une époque.

    Comme souvent, Benoit Jacquot met en scène une réalité étouffante, la solitude de ses personnages et le désir de fuite mais quand cette réalité est celle de Versailles filmé avec une modernité et un réalisme étonnants, cela devient absolument passionnant.

    Dès les premiers plans, il capte ainsi notre intérêt et notre empathie en nous mettant à la place de Sidonie (souvent filmée de dos) qui, en trois jours, va grandir en découvrant toute la violence redoutable de Versailles, la lâcheté, la vanité, derrière les visages poudrées, derrière les masques qui tombent.

    Que vous aimiez ou pas les films historiques, celui-ci vous happera pour vous conduire dans les dédales mystérieux et inquiétants de Versailles pour ne plus vous lâcher jusqu’à la dernière seconde. D’abord parce que c’est un Versailles loin des clichés que nous fait ici découvrir Benoit Jacquot. Personnage à part entière, Versailles est filmé comme une prison dorée au vernis qui se craquèle, souvent moins clinquante que les fastes de la cour le laissent imaginer, et c’est à travers Versailles, lieu d’un huis-clos étouffant, que nous sont relatées ces trois journées historiques mais c’est aussi la brillante métaphore d’un monde qui se meurt, pourri de l’intérieur, tout comme cet étang apparemment impassible est gangréné par les rats, ou ces tenues dorées sous lesquelles sévissent les moustiques.

    A l’image de la monarchie et de la noblesse, Versailles se décompose et derrière l’étincelante galerie des glaces se cachent des couloirs étroits, sombres et humides filmés comme un gouffre obscur et menaçant, tout comme derrière les visages poudrés et les fastes de la cour se dévoile un monde en décomposition. La caméra frémissante de Benoît Jacquot épouse et métaphorise ces frémissements et est si précise qu’il nous donne l’impression de ressentir l’humidité glaçante des couloirs de Versailles où grouille toute cette vie souterraine et fourmillante d’une noblesse qui préfère rester tapie dans des appartements délabrés dans l’ombre du roi plutôt que de vivre à la lumière de ses châteaux, une noblesse qui se contente de cette vie obscure dans l’ombre du roi avec l’obsessionnel espoir de quérir un peu de sa lumière. Intemporelle valse des courtisans qui en plus de la fin d’un monde nous parle du nôtre grâce à la modernité de la mise en scène et du jeu des acteurs qui brouillent judicieusement les repères temporels…

    Ensuite, les relations troubles entre les trois femmes (la Reine, Sidonie et Madame de Polignac incarnée par Virginie Ledoyen) composées de domination, d’admiration, de manipulation, d’obsession sont absolument passionnantes car elles résument aussi toute la complexité de cet esprit de cour et des sentiments condamnés par l’intérêt et l’image, le souci des apparences là encore finalement très contemporain. Ces plans de courtisans qui courent pour apercevoir le Roi ou la Reine ou être aperçus d’eux rappellent une époque beaucoup moins lointaine avide d’images et qui s’aveugle dans l’admiration vaine et outrancière d’une autre royauté.

    Diane Kruger incarne cette reine frivole (qui pense à un nouveau motif pour ses vêtements quand le peuple meurt et gronde, quand son monde périclite) et capricieuse, prisonnière de Versailles comme de ses bracelets accrochés à ses poignets, qui passe d’un état à l’autre, tantôt horripilante, tantôt bouleversante, comme lorsqu’elle trône, terriblement seule et majestueuse, dans cette pièce soudain tristement luxueuse, illuminée par le feu d’une cheminée, déchirant des lettres, tandis que les vautours rôdent déjà. Symbole d’une époque et d’un monde qui chancèlent, image bouleversante de beauté, de mélancolie, de cruauté mêlées.

    Léa Seydoux, avec son visage diaphane, son regard déterminé, est absolument parfaite dans ce rôle de jeune lectrice qui, en trois jours, va vivre un parcours initiatique, passer de l’innocence à la conscience de la dure réalité, de quelqu’un à personne, et qui va fuir dans l’ombre d’une forêt, autant dire mourir puisqu’elle ne vivait que dans l’ombre lumineuse de la Reine et ces adieux à la Reine résonnent douloureusement comme des adieux à une époque, à un monde, à la vie.

    Une autre excellente idée est d’avoir concentré l’action sur trois jours, trois jours au cours desquels Versailles passe de la frivolité à la panique. La caméra frénétique de Benoit Jacquot renforce ce sentiment de tension palpable et crée un suspense captivant.

    Ajoutez à cela l’excellent scénario de Gilles Taurand, la musique de Bruno Coulais, la caméra vacillante de Benoit Jacquot à l’image de ce qu’elle enregistre, ce monde qui chancèle, et vous obtiendrez un des meilleurs films de cette année, passionnant du début à la fin, férocement moderne, cruellement réaliste, magnifiquement mélancolique, la brillante métaphore de la fin d’un monde, et de l’éternelle valse pathétique des courtisans qui, pour satisfaire leur orgueil et un peu de lumière ( celle de la richesse mais surtout de la célébrité) sont prêts à tout, au mépris des autres et parfois de leur propre dignité. Un tableau d’une tragique élégance aussi fascinant que terriblement cruel et mélancolique, historique et contemporain, instructif et intemporel.

  • Le film de la semaine: VICTORIA de Sebastian Schipper (Critique)

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    En attendant le programme du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2015, chaque semaine, ici retrouvez mes recommandations cinématographiques et le film de la semaine, cette semaine: "Victoria" de Sébastian Schipper.

    « Victoria », un film allemand de Sebastian Schipper a reçu le grand prix du Festival International du Film Policier de Beaune 2015 ( dont vous pouvez retrouver mon compte rendu complet, en cliquant ici) et une mention spéciale du jury  de la critique. C’est aussi le film qui a divisé les festivaliers, les uns le trouvant ennuyeux et invraisemblable, les autres (dont je suis) le jugeant palpitant et passant outre les quelques invraisemblances (d’ailleurs justifiables puisque l’action est vue à travers le regard de l’héroïne, forcément biaisé, par l’adrénaline, la peur, et les différentes substances qu’elle a ingurgitées, de gré ou de force). Le réalisateur a suivi des cours d’art dramatique et a été comédien notamment dans des films deTom Tykwer et Anthony Minghella avant de réaliser son premier long « Les Bouffons » qui remporta le prix du meilleur Film en Allemagne en 1999. « Victoria » est son 4ème film. Il fut présenté en compétition à la 65ème Berlinale où il n’était d’ailleurs pas passé inaperçu.

    A Berlin, à la sortie d’une boîte de nuit, Victoria, une jeune Madrilène (Laia Costa), fait la rencontre de Sonne et de ses trois amis. Les quatre hommes se sont visiblement attirés des ennuis et ils demandent à Victoria de les accompagner dans leur virée nocturne en leur servant de chauffeur. Mais la folle aventure tourne rapidement au cauchemar quand l’un des quatre hommes doit rendre un service à un homme qui lui a assuré protection en prison…

    Le film débute par les lumières aveuglantes, stroboscopiques et dangereusement grisantes d’une boîte de nuit, rythmées par l’insidieuse violence de la musique techno nous plongeant d’emblée dans la même atmosphère, hypnotique et électrisante, que le personnage principal, Victoria, à qui les lumières, se dissipant, laissent ensuite place à l’écran, et que nous ne quitterons plus une seule seconde en 2H20 de film. Rien n’est laissé au hasard : ni le fait qu’elle soit en intérieur (le film s’achèvera en extérieur, symbole de son cheminement, de l’enfermement vers la liberté, de l’obscurité vers la lumière), ni l’envie de liberté qui semble être la sienne : elle se déchaîne sur la piste, veut offrir un verre au barman. Nous sommes prévenus : Victoria est libre ou du moins veut se sentir comme telle, n’a pas froid aux yeux, a envie de se sentir vivante. L’impression de vitalité est immédiate et fascinante. Je le répète souvent ici mais Truffaut disait de Sautet à propos de son cinéma « c’est la vitalité » et sans doute est-ce une des raisons pour lesquelles j’ai été autant fascinée par ce film comme je le suis par les films de Sautet. Ce film est en effet imprégné d’une vitalité, rare, dès la première seconde…jusqu’à l’ultime. Tout est dit déjà dans ces premières secondes : l’envie de liberté, de transgression, d’évasion, d’enivrement, l’aveuglement, la solitude, la brutalité.

    On refuse l’entrée du club à quatre hommes que Victoria a entrevus quelques minutes plus tôt. La frontière est fragile entre la joie et la mélancolie, la sérénité et la violence. Tout semble pouvoir basculer d’un instant à l’autre. Ce sont de « vrais berlinois » heureux de rencontrer une petite madrilène, et réciproquement, heureux de ce vertige de la rencontre, de l’inconnu(e). Ils font connaissance sous nos yeux. C’est à la fois anodin et palpitant, singulier et universel. Parce que la caméra à l’épaule est là et se fait pourtant bel et bien oublier comme si la scène existait vraiment sous nos yeux, comme si nous en étions le complice, le sixième participant. Le réalisateur évoque son film « non pas comme un film de braquage mais un braquage ». Et c’est exactement ça. Nous oublions le dispositif, la salle, les autres, nous participons au braquage, sommes prisonniers volontaires de l’action, grisés comme Victoria par l’attrait du danger, par ce rythme échevelé qui fait battre les cœurs plus vite, plus intensément.

    One girl. One city. One night. One take. Tel est le slogan sur l’affiche du film. Certes. Certes, on vous parlera avant tout de la virtuosité (réellement remarquable) de ce plan-séquence de 2H20 mais ce film n’est pas qu’un vain exercice de style. Il nous raconte vraiment une histoire, un parcours, des désirs : de vie, de palpitations, de liberté, d’ailleurs, d’amour que chaque plan du film exhale.

    Il y a là quatre amis d’enfance, en somme une petite famille dont Victoria devient le cinquième membre avec Sonne le gentil du groupe, le moins déjanté, le plus malin, finalement peut-être le plus perdu (Frederick Lau), Blinker (Burak Yigit), Boxer, l’ancien taulard qui dit n’être pas vraiment méchant, et insiste tellement sur ce point qu’on se dit que quelque chose de pas très honnête doit se tramer (Franz Rogowski) et Fuß, qui fête son anniversaire, et déjà bien alcoolisé (Max Mauff). Les dialogues et les mouvements fusent pour ne laisser aucun répit, aucun repos, aucun temps mort, pour ne pas nous et leur laisser le temps de souffler, pour nous épuiser, nous faire redouter et espérer la seconde d’après qui forcément leur fera franchir un cran supplémentaire dans la violence jusqu’au point de non-retour, celui inscrit dans les premières secondes, ces lumières stroboscopiques, infernales et fascinantes, comme le danger, comme la mort. La vi(ll)e leur appartient. Nous sommes dans ce présent, palpitant et périlleux, avec eux. Et comme Victoria, nous les suivons, conscients du danger, et attirés par lui.

    Victoria vole de l’alcool chez un épicier endormi puis ils vont sur le toit d’un immeuble, en murmurant comme ses nouveaux amis le lui ordonnent gentiment pour ne pas déranger les voisins. Le danger semble pouvoir surgir à tout instant. On chuchote pour ne pas le réveiller. Les rires ne semblent être que le masque de la peur, et de la violence, latente. Victoria frôle le vide, attirée par son vertige, pour l’éprouver, s’éprouver, et nous éprouver par la même occasion.

    La caméra se contorsionne, vole, d’extérieurs en intérieurs, de boîtes de nuits aux voitures, braque les visages et les coeurs. Une scène dans le café où travaille Victoria et où se révèlent les personnalités et de Victoria et Sonne est un moment d’anthologie, de magie, tendre et émouvant, un vrai court métrage, une pause dans cette course folle dont la puissance est encore exacerbée par ce qui précède et par la suite qu’on redoute sans la deviner tout à fait. Nous sommes presque mal à l’aise d’assister à leurs échanges tant ils semblent réels, tant leurs sentiments respectifs semblent éclore sous nos yeux, tant l’alchimie crève l’écran, tant ils sont touchants. Vivants. Vibrants. J’ai du mal à croire que les dialogues aient été improvisés (et cela rend ce film d’autant plus réussi et impressionnant) tant tout cela semble ciselé, parfait… Alors que Victoria aurait pu rester tranquillement dans le café où elle travaille, elle va les suivre dans cette course « à bout de souffle », qu’elle attendait finalement, terrifiée par le vide de sa vie, l’ennui, happée par l’adrénaline, comme le spectateur. Les notes sublimes et violentes de « la valse de Méphisto » qu’elle joue, magistralement, au piano, sont comme un avertissement. Nous voilà prévenus. Ces deux-là aiment le diable, et le revendiquent…

    En une nuit, dans ce Berlin cosmopolite, contrasté entre ses rues étrangement désertes et ses nuits enfiévrées, Victoria aura côtoyé le danger, l’amour, la mort, l’ivresse, au bord du vide (littéralement, ce vide qui l’attire dès le début)…et elle s’y jettera à corps perdu. Non, « Victoria » n’est pas qu’un vain exercice de style et qu’un plan-séquence ébouriffant, vertigineux, mais un récit d’apprentissage énergique, vivace, intense, une expérience initiatique pour son héroïne comme pour le spectateur, une rencontre avec des personnages furieusement vivants, épris de liberté et au bord du gouffre. Le portrait sublime et saisissant d’une jeune femme que nous suivons jusqu’au bout de la nuit, une jeune femme qui tombe, s’étourdit, dérive et se relève jusqu’au plan final qui nous laisse, enfin, reprendre notre souffle, suspendu pendant ces 2 heures 20 enivrantes, étourdissantes. Exténués. Eblouis. Et en attente, déjà, du prochain tour de manège…

    « Je voudrais dire à cette merveilleuse comédienne que ce prix est aussi en grande partie le sien » a déclaré Danièle Thompson en décernant le grand prix. Evidemment, ce film ne serait pas ce qu’il est sans la justesse, sidérante, de ses comédiens, au premier plan desquels son incroyable actrice principale  dont le jeu et l’intensité jamais ne fléchissent et qui sont pour beaucoup dans notre envie de la suivre, de la croire, et de passer outre tout ce qui, dans un autre film, aurait perturbé cette croyance aveuglée.

    La sortie est prévue le 1er juillet 2015. Courrez-y. J’y retournerai.

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