Une journée aussi chargée que passionnante mais vue l'heure tardive, je me contenterai ce soir de vous parler de la passionnante master class de Brillante Ma.Mendoza. J'avoue humblement n'avoir jamais vu aucun de ses films mais la passion et la précision avec lesquelles il a évoqué son métier m'ont donné envie de me plonger dans sa filmographie.
Après le cinéaste Lee Chang-dong en 2009, c’est Brillante Ma. Mendoza qui a partagé avec les Festivaliers sa vision du cinéma et ses techniques de création lors d’une Master Class exceptionnelle après l'hommage rendu au cinéaste philippin en ouverture du festival. La master class a été entrecoupée de 3 extraits: du "Masseur", de "Serbis" et de "Lola".
Brillante Mendoza a commencé par évoquer son dernier film" Lola" présenté en avant-première au festival dont l'idée remonte à il y a 3 ans. "A l'époque les producteurs n'avaient pas jugé cela assez commercial." Il avait envie de situer l'action au moment de la saison des pluies car pou lui cette période de l'année révèle quelque chose de dramatique dans l'atmosphère générale qu'il voulait "récupérer".
Brillante Mendonza a insisté sur l'idée fausse selon laquelle ses films seraient tournés "à l'arrache".
Il a précisé que pour tous es films il essayait d'avoir une petite équipe et qu'il tournait et filmait le film en parallèle.
Il a ainsi expliqué avoir monté un bureau à Manille. "Toute l'année il y a une recherche permanente sur mes idées de films.
Poursuivant sur sa méthode de travail et son travail en amont, il a pris l'exemple de "Serbis" pour lequel il a emmené ses acteurs et décorateurs dans le cinéma où a été tourné le film mais bien avant le tournage. Brillante Mendoza a également précisé avoir travaillé dans la production cinéma, d'où sa capacité à déterminer ce qui est important dans un tournage. "Tourner vite pour moi c'est sauvegarder l'énergie au tournage et pas seulement pour raisons économiques."
Suite à un questionnaire de Télérama, Mendoza avait été le seul cinéaste à dire que les repérages constituaient son étape préféré de la construction du film, se sentant "autant journaliste que cinéaste". "Je ne peux pas imaginer une histoire qui ne s'est pas vraiment déroulée. Un réalisateur peut avoir plusieurs objectifs en réalisant un film: raconter une histoire, amuser, informer. Pour moi l'objectif est de raconter la vérité, être le plus vrai possible. Pour moi l'important est de m'imprégner des lieux et des gens. Je ne me vois pas créer une histoire que je n'aurais pas vécue moi-même, c'est pourquoi le repérage est le plus important pour moi."
Brillante Mendoza a également évoqué sa manière de porter la caméra pour mettre en forme l'immersion et la volonté de plonger dans un monde et de nous y faire plonger. "Je voudrais que le public ressente en même temps que les personnages".
Il a également évoqué l'importance du son dans son travail, pour lui aussi important que l'image. Pour lui le son est un "personnage à part entière de l'histoire". "Le son donne une perspective différente."
Brillante Mendoza a terminé en évoquant son dernier projet, le film sur lequel il travaille actuellement: un documentaire autour d'un homme à Manille qui est gay et interprète Jésus Christ chaque année lors de la semaine sainte à l'occasion d'un spectacle cru et violent.
La journée s'est achevée par le dîner de gala traditionnel au non moins traditionnel Salon des Ambassadeurs dont vous pouvez constater l'ambiance de folie ci-dessous.
Demain, le palmarès que vous pourrez bien entendu retrouver sur ce blog. Je m'abstiendrai de tout pronostic n'ayant vu "que" 6 films sur 9 de la compétition. Je vous en reparlerai ultérieurement. Mes coups de coeur restent "Paju" et "Judge"...