Depuis 1995 et sa compétition de films indépendants américains, Deauville n'est plus seulement la vitrine des grosses productions américaines mais surtout et avant tout le symbole du cinéma indépendant américain. Nombreux sont les films et cinéastes que j'ai (re)découverts dans le cadre du festival. C'est dans cette optique que le festival rendra cette année hommage ) Melvin van Peebles. Je vous invite à découvrir le communiqué de presse du festival à ce sujet, ci-dessous.
Le Festival du Cinéma Américain de Deauville continue son travail de redécouverte du patrimoine du cinéma américain en accueillant ce grand cinéaste. Melvin Van Peebles a pratiquement toujours travaillé en dehors du circuit traditionnel des studios américains. Et malgré cela, il est reconnu aujourd’hui comme l’un des cinéastes les plus importants de l’histoire du cinéma américain, ayant influencé et ouvert la voie pour toute une génération.
Né à Chicago en 1932, Melvin Van Peebles s’engage, après de brillantes études, dans l’armée de l’Air. Après un passage par le Mexique et des activités de peintre, il réside à San Francisco où il réalise quelques courts-métrages et publie un livre de photos, inspiré par son emploi de conducteur de tramway.
Voulant proposer ses talents à Hollywood, il frappe à la porte des studios, qui reste close…
Nous sommes dans l’Amérique des années 60…
L’industrie cinématographique se résume encore à des films pour les blancs, faits par des blancs, à de rares exceptions près (Sydney Poitier, Oscar du Meilleur Acteur en 1964, premier acteur noir à remporter ce prix). 5
Melvin Van Peebles part en Europe, et finit par s’installer à Paris, où La Cinémathèque Française l’invite à présenter ses courts-métrages.
Il collabore à la célèbre revue Hara Kiri, pour laquelle il rédige des articles et des interviews et y rencontre notamment Wolinski, avec lequel il adaptera, pour l’anecdote, l’oeuvre « La Reine des Pommes », du célèbre auteur de série noire Chester Himes.
En France, il écrit cinq romans, dont « La Permission », qui lui permet de bénéficier d’une aide au financement de son premier long métrage : THE STORY OF A THREE-DAY PASS (1968), la subversive histoire d’amour d’un soldat Afro-Américain et d’une Française.
Le succès critique du film conduit alors Van Peebles à retourner aux Etats-Unis où la Columbia Pictures lui offre sa seule réalisation hollywoodienne : WATERMELON MAN (1969), une comédie mettant en scène Godfrey Cambridge dans le rôle d’un bigot blanc qui se réveille un matin dans la peau d’un noir.
Mais c’est surtout SWEET SWEETBACK’S BAADASSSSS SONG (1971)- un running movie prenant pour héros un petit gigolo qui tente d’échapper à la police en traversant des ghettos en proie à l’émeute raciale- qui marquera la carrière de Melvin Van Peebles et l’histoire du cinéma Américain.
Ecrit, produit, réalisé, incarné et monté par Melvin Van Peebles lui-même, qui en a également composé la musique (avec le groupe Earth Wind and Fire, inconnu à l’époque), SWEET SWEETBACK’S BAADASSSSS SONG est considéré comme Le film à l’origine de la black exploitation, genre qui explosa dans les années 70 en rencontrant un succès phénoménal.
Avec Charles Burnett (KILLER OF SHEEP, 1973) et dans un autre registre Gordon Park (LES NUITS ROUGES DE HARLEM, 1971 - LES NOUVEAUX EXPLOITS DE SHAFT, 1972) puis Michael Schultz (CAR WASH, 1976), Melvin Van Peebles allait définitivement donner une place au black power à Hollywood et ouvrir la voie à de nombreux réalisateurs, producteurs et comédiens (Spike Lee, Eddie Murphy, Morgan Freeman, Denzel Washington, Halle Berry, Samuel L. Jackson, Whoopi Goldberg, Forest Whitaker, Will Smith, etc…) qui feront la fortune de l’usine à rêves.
La France a souvent porté chance à Melvin Van Peebles, qui après une carrière d’acteur prolifique en Amérique, revient y tourner un film : LE CONTE DU VENTRE PLEIN (2000) et y recevoir la Légion d’Honneur.
Aujourd’hui le Festival du Cinéma Américain de Deauville est honoré d’accueillir un homme insaisissable, inclassable, et libre.